La lumière s’éteint. Des voix commencent à chahuter dans ma tête. Personne ne les entend mais leur écho frappe contre les parois de mon crâne sans répit. J’ai sommeil mais je ne veux pas fermer les yeux. Il est tard et mes paupières sont lourdes mais je lutte, je m’accroche à l’éclat aveuglant de mon écran, je passe d’un réseau social à un autre, j’observe la vie des autres tentant sans relâche de ne pas penser à la mienne. Mais le moment tant redouté arrive, je tends la main pour tirer sur la corde qui éteint ma lampe de chevet, ma chambre baigne soudain dans l’obscurité, et je ferme les yeux.
Bam.
Les pensées défilent et je ne peux plus les arrêter, l’insécurité et l’incertitude prennent l’avant de la scène. Le futur me hante comme un fantôme du passé. Le présent fait de moi une marionnette qui répète ses répliques tous les jours et danse de la même manière encore et encore jusqu’à user ses ficelles. Alors que la ville s’endort, que j’écoute le silence s’installer à travers ma fenêtre, mon esprit lui reste éveillé, et s’apprête à me mitrailler de questions sans réponses et de réflexions bien trop stressantes, presque rancunier, comme s’il m’en voulait de l’avoir fait travailler toute la journée.
Mes ambitions me détruisent autant qu’elles me poussent vers l’avant, les attentes des autres me terrifient autant qu’elles me flattent; je me demande si je serai à la hauteur. J’ai peur, j’ai mal je ne sais où, les larmes coulent.
Je me dis que tout ira pour le mieux, mais ce n’est jamais suffisant. Puis les voix se taisent, mes pensées se raréfient, je me laisse emporter par l’appel doux de Morphée et je me sens tomber dans les abysses du sommeil, mais l’anxiété me rattrape dans cette chute salvatrice, me rappelle à l’ordre en me chuchotant à l’oreille: « réveille toi, tu dois réfléchir.» Réfléchir à tout et n’importe quoi. Ne voir que le négatif parmi l’océan disparate d’idées que m’impose mon inconscient retorse. Ressentir chaque émotion plus intensément que jamais. Penser aux obstacles et avoir peur de ne pas pouvoir les franchir. Se demander quoi faire, se sentir perdue. Essayer de tout repousser et de s’accrocher aux bras du sommeil que je sens m’échapper. Se tortiller dans mon lit pour trouver une position plus confortable, comme si mon corps lui aussi était prisonnier.
Enfin, après un certain temps paru être une éternité, la fatigue ayant eu raison de mon esprit rebelle, laissant derrière moi des bribes de souvenirs amers, la nuit m’accueille et je m’en vais explorer le pays des rêves, qui me réserve aussi bien des surprises. Et alors que je suis transportée par des nuages salutaires, j’espère seulement ne pas revivre la même chose le lendemain, et j’entends au fond de moi cette même voix sadique, ricaner.
« À demain… »
Selma Berrada
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