Dans l'obscurité oppressante de sa chambre, elle se tenait immobile, figée devant le miroir qui trônait dans un coin, tel un oracle énigmatique reflétant l'âme torturée qui se dressait devant lui. Son regard, empreint d'une intensité presque hypnotique, sondait les profondeurs de ses propres yeux, avidement en quête de réponses enfouies dans les replis de son être.
Elle avait toujours eu une relation conflictuelle avec le miroir. Leur liaison tourmentée dépassait de loin la vanité. C’était une tragédie intérieure, un duel silencieux où chaque confrontation lui arrachait un peu plus de son humanité. Chaque fois qu'elle osait affronter son image, une vague de dégoût et de terreur déferlait sur elle, figeant son sang dans ses veines et étreignant son âme dans un étau de glace.
Malgré cette peur viscérale, elle savait qu'elle ne pouvait fuir indéfiniment. Ses démons intérieurs exigeaient réparation, même si cela impliquait de faire face à l'horreur de son reflet. Ainsi, elle s'était assignée la lourde tâche de se confronter au miroir, bravant chaque jour un peu plus sa propre aversion.
Au commencement, c'était une lutte acharnée, un combat farouche contre ses instincts les plus primaires. Mais à mesure qu'elle persévérait, une transformation subtile s'opérait en elle. Elle apprenait peu à peu à regarder au-delà de ses imperfections, à embrasser ses failles comme autant de cicatrices témoignant de son humanité.
Pourtant, ce qui avait commencé comme une quête de guérison avait rapidement sombré dans l'obsession. Elle passait des heures devant le miroir à scruter son reflet, cherchant désespérément une réponse à trouver, une sorte de validation ou de rédemption. Plus elle se regardait, plus elle avait le sentiment de s’égarer. Son propre visage lui semblait étranger, hostile, elle jurerait presque qu’il appartenait à quelqu'un d'autre. Elle avait l’impression de se dissocier lentement de son identité, se sentant de plus en plus étrangère à la femme qui lui faisait face dans le miroir.
Le miroir, témoin de sa déchéance, était devenu son unique ancrage dans ce monde de confusion, une bouée fragile dans un océan d’incertitudes. Sa spectrophobie transformée en obsession puis devenue son seul repère la maintenait prise au piège dans un tourbillon sans fin, incapable de se libérer de son emprise, incapable même de se reconnaître.
Elle errait dans ce labyrinthe de visions déformées, cherchant en vain une connexion perdue avec son âme. Son désespoir s'approfondissait chaque jour un peu plus. Elle sentait ses forces se dissiper, dévorées par cette obsession insatiable.
Dans un geste de pure détresse, elle posa sa main tremblante sur le miroir, espérant que ce simple contact pourrait la ramener à elle-même. Mais le miroir resta muet, impitoyablement silencieux, ne lui offrant que le reflet faussé d'une étrangère. Et dans le silence imperturbable de sa chambre, elle comprit que la rédemption était aussi insaisissable que son propre reflet. Elle resta alors là, figée devant le miroir, perdue dans les ténèbres de sa tourmente, rêvant d’une lueur d'espoir dans cet abîme sans fin.
Imane El Maimouni
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